Projets d'embellissement pour la Place de Brouckère
Projets réalisés en août 2021 par les étudiants de l'Ecole d'Eté d'Architecture de Belgique
Les étudiants de l’EEAB 2021 ont reçu pour tâche principale de transformer la Place de Brouckère, étendue actuellement minérale, désœuvrée et inesthétique qui contribue à la décadence du centre-ville. La place de Brouckère dans le prolongement de l’axe Nord-Midi coupe la ville en deux alors qu’elle pourrait être le nœud urbain par lequel l’ancien quartier des Quais se rattache à l’ilot sacré.
C’est dans cette perspective que les étudiants ont reçu pour consigne de rhabiller la Place de Brouckère de la façon qui leur paraîtrait la plus judicieuse. Une seule condition : respecter le bâti traditionnel bruxellois.
Leurs projets se sont naturellement orientés vers le respect du contexte urbain, et notamment des façades 19ème richement dotées qui bordent la place, en particulier celle de l’Hôtel Continental en plein milieu de la perspective Nord-Midi. Tous leurs projets s’articulent autour de la mise en valeur de ce magnifique édifice qui est actuellement écrasé par la démesure du Boulevard Anspach et des immeubles avoisinants.
Enfin, leurs projets ont été l’occasion de transformer une fois pour toute la Place de Brouckère en un véritable centre urbain, doté d’un cœur bien vivant, d’une maison du peuple pourquoi pas, de logements abordables, d’ateliers et d’activités économiques autres que le tourisme.
Ce mois d’août 2021, lors de l’école d’ Été d’architecture traditionnelle de Belgique, nous
avons été initiés à la création de contre-projets ; un outil permettant de montrer au public qu’une alternative est possible à l'architecture moderniste, radicale et systématique, qui continue à s’imposer de nos jours dans les villes. L’idée est de révéler au public les qualités architecturales existantes par une proposition ayant pour but de défendre un patrimoine bâti, mais également, de chercher des solutions pour redynamiser un espace et l’embellir. Le contre-projet vise aussi à rétablir une notion de beauté occultée par le modernisme pour chercher à recréer une architecture qui plaise à ses usagers.
Nous nous sommes penchés sur le cas de la place de Brouckère, en plein centre de Bruxelles. Dans son état actuel, elle n’a de place que le nom car elle est pratiquée comme un lieu de passage. Située dans l’axe reliant la Gare du Midi à la Gare Bruxelles Nord, elle est perçue comme une prolongation du boulevard. La place est vide, toutes les sorties de métro sont orientées vers l’extérieur de la place et deux tours démesurées viennent écraser l’ensemble.
Le contre-projet visait à relever le problème de cette place pour lui redonner sa fonction
première : une place publique. La contrainte ? Conserver au maximum l’existant y compris les
arbres et les emplacements des sorties de métro. Pour nous, le but était donc de réaménager cette place afin qu’elle devienne populaire, fréquentée, agréable et qu’elle puisse abriter diverses activités pour les Bruxellois (commerces, artisanat, marchés, évènements etc.).
Notre première intention était donc de recréer une typologie de place en ajoutant une
‘’quatrième façade’’ permettant de refermer l’espace par la création d’un nouveau bâtiment. Ce
bâtiment a aussi pour rôle de redonner à la place de Brouckère une échelle plus humaine et, de la mettre en scène pour révéler les bâtiments du XIXème siècle qui la composent, notamment la façade monumentale de l’Hôtel Continental.
Notre proposition se base également sur notre expérience de la ville de Bruxelles et de ses
usages : nous avons voulu créer des zones où s’abriter en cas de pluie pour que la place puisse
continuer à vivre quelle que soit la météo avec l’exemple des galeries couvertes et du Vaux-hall. Le projet peut donc être décomposé en deux parties. D’abord, une place publique extérieure encadrée par deux halles couvertes. Puis, dans le nouveau bâtiment, une rotonde surmontée d’une coupole pouvant servir de place publique intérieure.
Le bâtiment principal, marqué par sa rotonde centrale, est un bâtiment à usage mixte : les
niveaux inférieurs sont attribués pour des commerces tandis que les niveaux supérieurs sont à usage résidentiel. L’entrée par la façade principale se fait par les angles, à la manière des halles Saint Géry, ce qui nous a permis de créer une façade monumentale accompagnée d’un parvis. La hauteur du bâtiment tient compte du contexte proche, pour rester équivalente aux hauteurs des bâtiments environnants, afin de garder une certaine harmonie et de lui donner une échelle humaine.
L’ensemble du dispositif sert de mise en scène pour la découverte de la place de Brouckère : nous sommes d’abord accueillis par une obélisque, puis il y a le parvis autour de la façade principale, et sa fontaine, l’entrée, qui se fait par les angles, s’accompagne de quelques marches symboliques qui redescendront ensuite vers la rotonde, sur quatre niveaux, et sa coupole vitrée. Le parcours se poursuit par une galerie couverte deux niveaux, avant de ressortir de l’autre côté, et de découvrir l’Hôtel Continental, qui surplombe la place encadrée par les halles couvertes.
Nous avons privilégié les matériaux locaux et durables : pierre bleue de Belgique pour les
soubassements, briques, ardoises ; accompagnés de pierre de France et de charpentes en bois.
Pour conclure, nous avons observé la vieille ville et ses caractéristiques, pour faire une
proposition de réhabilitation de la place de Brouckère, qui tient compte de l’identité de la ville et de la place, afin d’en faire une vraie place publique, investie par les habitants de Bruxelles.
Réflexion de groupe sur le Contre-projet de la place De Brouckère.
N’étant pas issus d’un parcours en architecture, il n’a pas été facile initialement pour nous d’aborder ce projet. Proposer une alternative à la place De Brouckère déjà existante, était alors un véritable challenge. Venant de trois pays, et d’horizons très différents, il était très intéressant de confronter nos idées, en fonction de nos diverses sensibilités et de nos vécus, chacun apportant ses connaissances, et ses appétences. C’est ainsi qu’harmonieusement, nous avons réussi à mettre en commun nos idées, après de longues heures de discussions et de croquis. Nous voulions ainsi créer une nouvelle place, recréer une ambiance, un cadre de vie agréable pour les bruxellois et ses visiteurs.
Le but de notre projet était de créer une continuité stylistique : il fallait que notre bâtiment s’accorde logiquement avec les belles façades déjà existantes de la place De Brouckère. C’est ainsi que nous avons choisi d’étudier et de mettre en pratique les styles néogothiques et Art Nouveau, qui, en plus de rappeler les bâtiments environnants, il s’agit d’un style très organique rappelant les formes et les courbes de la nature.
En résumé, cette expérience aura été passionnante, et aura permis une belle entrée dans le monde de l’architecture traditionnelle. Ce qui a été surtout très enrichissant, était de comprendre les différentes étapes de l’élaboration d’un projet : du relevé des mesures directement sur le site, à la conception d’un masterplan, d’élévations et de coupes. Nous avons compris à travers la réalisation de ce projet que l’architecture en vogue aujourd’hui n’est pas une fatalité. Nous avons eu la possibilité d’agir, à notre échelle, en reconsidérant l’aménagement urbain, et en créant un ensemble cohérent et harmonieux.
C’est pour cela qu’il nous a semblé important de repenser en détails les éléments composant la place(lampadaires, bouches de métro , fontaine... ). Etant témoin des grandes rénovations modernistes, tant à Bruxelles qu’à Paris où à Bucarest, il nous est encore possible de proposer une alternative belle, durable et populaire.
COUNTER-PROJECT REFLECTION
The team effort for the counter-project of Place de Brouckère was nothing short of challenging but at the end highly formative. The group consisted of three different individuals with different languages, skills and knowledge. What at first glance seemed like a good team, it later did encounter communication problems, architectural errors and divided group dynamics. Nonetheless, the team survived its confusions and strived to the end of the summer school. Next, a description for each team member will be presented.
Cristina, from Valencia, Spain, was already an architectural graduate with a life-long experience in drawing and she helped tremendously in sketching problems, ideas and solutions in real-time, supporting our decisions for designing our buildings. Moreover, Cristina’s design skills created front elevations and axonometric plans with an exquisite quality of detail and beautiful simplicity. Johan, from Sweden, was still studying an architecture degree while working on the counter-project. Noticeably, Johan’s sense for proportions earned him a respected place in the team for calculating scales and measuring dimensions for building elements. His diligence, resourcefulness and social skills equally provided confidence to his team to meet all the deadlines. Flavio, Mexican and a graduate student with a political science background, provided a layman insight to the architectural proposals, particularly, how people might have responded to the architecture and the public spaces. His personal studies on classical architecture offered an informed assessment on classical orders and typologies for the counter-project.
The counter-project consisted of a dignified social centre for the Brussels’s citizens. A grand building and public spaces that offered private spaces for shops, restaurants and cafés, as well as public spaces for leisure, dance halls, or entertainment and community venues, e.g., concert halls, community meetings, projection screenings, performances, etc. These elements were presented as an alternative to what the Brouckère Square is today, an unattractive public square with big dimensions that offers no visual, nor physical, break with the long Anspach Boulevard.
The problems identified were the square’s large dimensions and lack of cover from the sun & rain, moreover, almost no cues for any activity, except for benches and water fountain holes on the ground. In contrast, the team designed a building that could incorporate the metro stairs and elevator, structured by natural stone; brick arcades with mosaic pavement providing attractive places for terraces and the weekly marketplace; the inner courtyard was designed with sober but beautiful ornamentation, reminding the people of values such as beauty, decorum, and civility for publicly social meeting places. The main entrance, facing South, resembles the Pantheon in Rome without the pediment and with a smaller dome being open to the other two corridors. In the northern side, the building had an open columned rotunda that led to a park-like space covered with small to medium size trees and compressed sand grounds with a central water basin framed by stone edges for sitting and enjoying spontaneously. Opposite from the building, the team framed the park-like area with a hemicycle in the Tuscan Order, offering more sitting places that faced the end of the water basin. To offer a vibrant but calm, likewise, enjoyable built and landscaped place even for concerts. The team had in mind that architectural details, greenery and water were positively correlated with lowering stress and activating the neurological capacity for value-making and focus. In conclusion, the team created a classical building with classical typologies that contrasted the existing tower blocks on the site, with elegant spaces for spontaneous activities of different natures to show Belgians and tourists that there is an alternative way to build and to live.
When presented to the jury, positive remarks were made for the drawing skills and knowledge portrayed. However, important observations were pointed out: the building was beautifully conceived but did not display the local architecture of Brussels nor its climate; the cost efficient analysis of building materials was not apparent; a dome was very difficult to build and did not express itself correctly on the designs.